Le HCSF souligne le niveau particulièrement élevé de l’endettement du secteur privé (ménages et sociétés) en France, à +131% du PIB
Entre surendettement des États et surendettement des ménages, tous les ingrédients pour une nouvelle crise financière semblent se mettre en place. Si le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) ne se veut pas alarmant, les constats sont sans appel : la France possède un taux d’endettement des agents privés non financiers (131% du PIB) aujourd’hui supérieur à la moyenne de la zone euro. Le HCSF une vigilance renforcée des risques de crédit pour les banques.
Des incertitudes conjoncturels et politiques, et hausse des primes de risques
Lors de sa dix-huitième séance, ce mardi 11 septembre 2018, Le Haut Conseil a pris note de l’accroissement des facteurs l’incertitude conjoncturels et politiques, notamment dans les pays émergents, susceptibles de faire peser un risque sur la croissance et suit avec attention leurs conséquences éventuelles pour la stabilité financière. Le HCSF confirme son diagnostic concernant le renforcement du cycle financier en France, constaté depuis plusieurs trimestres, et qui avait appuyé sa décision de relever le taux du coussin contra-cyclique lors de sa dix-septième séance. Il constate en particulier que, sur les marchés financiers, le risque d’une ré-appréciation des primes de risque, considéré comme un des risques principaux pour la stabilité financière, continue de progresser dans un contexte où les valorisations sur les marchés financiers restent élevées, indiquant un appétit pour le risque soutenu.
Endettement du secteur privé : 131% du PIB
Si le budget de l’État avoisine les 100% du PIB (96% à fin 2017), celui du secteur privé est largement au-dessus des 100%. L’endettement du secteur privé non financier continue de croître pour atteindre 131,0 % du PIB au 1e trimestre 2018 (58,4 % pour les ménages et 72,7 % pour les sociétés non-financières, SNF). La dynamique observée ces dernières années a conduit la France à un taux d’endettement des agents privés non financiers aujourd’hui supérieur à la moyenne de la zone euro comme à ceux de nos principaux partenaires. Sur la période récente, la croissance de la dette a également accéléré dans le reste de la zone euro.
Pour les SNF, la hausse de l’endettement reste marquée, portée par la progression des encours de crédit bancaire (+6,0 % sur un an en juin 2018), tandis que la dette de marché reste dynamique. La progression du crédit concerne toutes les tailles d’entreprises, avec une croissance toujours robuste du crédit bancaire aux PME et aux ETI.
Les ménages de plus en plus endettés
L’encours de crédit aux ménages progresse également à un rythme soutenu : +5,5 % sur un an en juin 2018, principalement porté par le crédit immobilier. Les prix de l’immobilier continuent par ailleurs leur progression (+3,2% au niveau national au 1er trimestre 2018) et ces évolutions continuent de s’accompagner d’un certain assouplissement des conditions d’octroi.
Risques sur les crédits : le niveau de vigilance renforcée est maintenue
Ce dynamisme du crédit à l’habitat, qui s’opère dans un contexte de taux particulièrement favorable pour les ménages et de dégradation des marges pour les établissements de crédit, a conduit le Haut Conseil à examiner plus spécifiquement lors de cette séance les risques qui pourraient lui être associés. À ce stade, le Haut Conseil considère que le niveau des risques pour les ménages et les établissements de crédit reste contenu, mais nécessite de maintenir une vigilance renforcée sur l’évolution des conditions d’octroi de crédit et la tarification des crédits immobiliers par le secteur bancaire, dans un contexte où les pratiques commerciales des établissements peuvent en faire un produit d’appel.
Le HCSF prêt à intervenir
Le Haut Conseil a par ailleurs préparé sa décision concernant la fixation du taux du coussin de fonds propres contra-cyclique. Cette décision ainsi que les éléments de justification de ce taux seront publiés ultérieurement au Journal Officiel de la République Française et sur son site.
Le Haut Conseil se tient prêt à agir de nouveau dans les prochains mois si les risques cycliques déjà identifiés continuent de croître.
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