Crise financière : les risques évalués en mars 2019 par le HCSF sur l’endettement record en France et le Brexit
Le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) a publié ce début de semaine une actualisation de sa revue des risques financiers. Les actifs financiers sont sujets à une correction de prix, la hausse récente depuis le début d’année n’étant pas le reflet du développement économique actuel. Par ailleurs, la France est un des pays européens le plus endetté, à tous les niveaux : État, entreprises et ménages. La progression de cet endettement reste un risque majeur de crise financière à venir.
Les marchés financiers anormalement élevés en mars 2019
Le Haut Conseil estime que, sur les marchés, le risque d’une re-tarification des actifs financiers se maintient à un niveau élevé. La correction de la fin de l’année dernière ayant été compensée en ce début d’année, les marchés actions et obligataires continuent d’afficher des valorisations conséquentes, associées à un environnement de taux d’intérêt bas et à un appétit pour le risque significatif.
Un endettement généralisé en France, supérieur à tous les autres pays
Le Haut Conseil observe également que l’endettement du secteur privé non financier continue de croître pour atteindre 133,3 % du PIB au 3ème trimestre 2018 (59,2 % pour les ménages et 74,1 % pour les sociétés non-financières, SNF). La dynamique observée ces dernières années a conduit la France à un taux d’endettement des agents privés non financiers aujourd’hui élevé et qui est supérieur à la moyenne de la zone euro comme à ceux de nos principaux partenaires. Pour les SNF (Sociétés Non Financières), la hausse de l’endettement reste marquée (+6,0 % sur un an en janvier 2019), portée à la fois par la progression des encours de crédit bancaire et de dette de marché. La progression du crédit concerne toutes les tailles d’entreprises, avec une croissance toujours robuste du crédit bancaire aux PME (+6,3 % sur un an en janvier 2019).
L’encours de crédit aux ménages continue également de progresser à un rythme soutenu : +5,5 % sur un an en janvier 2019, principalement porté par le crédit immobilier.
La poursuite observée de ces tendances depuis l’activation du coussin de fonds propres bancaires contracyclique (CCyB) en juin 2018 a donc conduit le Haut Conseil à adopter, dans une logique préventive, la proposition du Gouverneur de la Banque de France d’un relèvement du taux de ce coussin de 0,25 point de pourcentage des actifs pondérés par les risques sur les expositions françaises, pour le porter à 0,5 %. Le HCSF estime ce niveau adapté aux circonstances actuelles et précise qu’il relâchera le CCyB en cas de retournement du cycle financier, avec application immédiate . Ce relâchement permettrait aux banques de mobiliser cette réserve de capital pour préserver leur capacité d’offre de crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises qui sont les plus dépendantes du financement bancaire. Ce projet de décision sera notifié à la BCE pour non-objection. Le cas échéant, il sera adopté le 2 avril 2019 et les banques auront 12 mois pour se conformer à la nouvelle exigence. Cette décision sera publiée au Journal Officiel de la République Française et sur le site du HCSF. De plus, au titre de la réciprocité automatique et obligatoire, le coussin contracyclique décidé par le HCSF sera applicable à l’ensemble des banques de l’Union Européenne et de l’Espace Économique Européen à proportion de leurs expositions en France.
Risques liés au Brexit
Le Haut Conseil a également mis à jour son diagnostic relatif aux risques liés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il a pris note de la bonne préparation des acteurs supervisés par l’ACPR et l’AMF, via la mise en oeuvre généralisée de plans de contingence individuels cohérents. Le Haut Conseil a pris acte des mesures prises aux niveaux français et communautaire pour assurer la continuité de la fourniture de services financiers dans l’Union.
Il demeure vigilant et continue de favoriser dans ce contexte la coopération et l’échange d’informations entre les institutions qui sont représentées au Haut Conseil.
Enfin, le Haut Conseil a approfondi son diagnostic sur les développements de la finance à effet de levier, qui est considérée comme pro-cyclique, et discuté des mesures de suivi et de vigilance à envisager, tant au niveau national qu’européen et international.
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